mercredi 9 janvier 2013

Un coup de gueule ou une envie de tisser sur la Toile, c'est caïman la même chose!







Comme bon nombre de fans du "Tisseur de Toile", l'idée d'un Reboot ne m'enthousiasmait guère. La Trilogie de Sam Raimi avait fait ses preuves et, en dépit d'un 3ème opus boursoufflé (trop de méchants, trop de moyens, trop de scènes inutiles), l'idée d'un 4ème volet avec la même équipe semblait tenir debout...voire alléchante.

Las, pressé par un délai de tournage trop court et malmené pour ses choix artistiques (le personnage du Vautour fut refusé ipso facto) , Sam Raimi jeta l'éponge et sa fidèle Dream Team en fit de même. Foudres de la Production. Quel avenir pour Spider-Man ?

Une telle franchise pourrait-elle survivre à l'éviction d'un Réalisateur surdoué ?




Sony eut, alors, la bonne idée de faire appel-pour ce ravalement de façade- à Marc Webb, réalisateur de "500 jours ensemble" et adepte de la comédie romantique intelligente.

Un double choix terriblement culotté (reboot + jeune réalisateur peu connu) pour un tel blockbuster !

Les Aventures amoureuses de l'homme araignée, ses états d'âme, ses élans du cœur: à bien y réfléchir, voici un angle scénaristique plus qu’intéressant (malheureusement survolé par l'ami Sam Raimi) et qui nous promettait un Spider-Man certainement plus proche du Comics original. De surcroit, Sony misait sur un casting surprenant ( Emma Stone et Andrew Garfield dans les rôles principaux, Rhys Ifans dans celui du terrible Lézard). Avec un un parti-pris aussi radical et intriguant, il ne restait plus qu'à voir -sur le tard et en DVD- le résultat. Et je dois dire qu'en dépit de quelques fausses "notes", le produit final dépasse toutes mes espérances !

Ce qui séduit de prime abord, c'est le ton résolument réaliste du film. Alors que le réalisateur culte d'Evil Dead plaçait ses personnages dans un New-York fantasmé et très "BD", Marc Webb opte pour un environnement résolument contemporain. Il en est de même pour Peter Parker, adolescent timide et timoré, fan de skate et maladroit avec la gente féminine. Ce dernier pourrait être the "boy next door", voisin à la gueule d'ange mais invisible pour ses semblables. On s'attache rapidement à lui, Andrew Garfield optant pour un jeu moins "daté" et plus survolté que son prédécesseur. J'y reviendrai.

Même lifting pour son Oncle et sa Tante (interprétés à merveille par Martin Sheen et la trop rare Sally Field), pour le costume du monte-en-l'air (enfin, les lance-toiles !) ainsi que pour le scénario (diablement bien troussé) qui fouille de fond en comble les origines de notre Héros. La romance entre Gwen Stacy et Peter Parker sonne juste, les personnages secondaires aussi et Le Dr Connors est -tout en retenue- admirablement incarné. Alors, qui a tissé dans la Toile ?

Pourquoi cet arrière goût de "mince, on était à deux doigts du Marvel Ultimate" ?


Pour deux raisons, mes lapins :

La première est simple. Andrew Garfield (que j'avais pu découvrir dans ce petit chef d'oeuvre qu'est "BOY A") nous inflige un jeu inhabituel que je qualifierai d'Américain. Comme le Homard à l'Américaine, si vous voulez. Un jeu qui sent bon la superficialité. Un jeu qui appuie ses effets pour mieux noyer la profondeur des émotions exprimées. Un "sur-jeu", en somme. Pour ma part, je nomme cette tare, partagée par bon nombre d'acteurs (Brave Pitt, Vincent Cassel, James Dean, etc...) le "Syndrome de Quiniou"...voir ma précédente critique pour celles et ceux qui prennent mes coups de gueule en coup de vent.

Un jeu qui fout tout en l'air ,de par ses mouvements de tête, de bras et de mimiques déplacés. De par ces attitudes convenues maintes et maintes fois abordées dans tant de sitcoms déplorables.
Andrew Garfield agace car il est capable de beaucoup plus de nuances, d'aspérité, de densité et ceux qui ont vu "Auprès de moi toujours", ce petit bijou, comprennent ma peine.
Je pose la question: est-ce la "norme" actuelle? Doit-on revenir à l'Age d'Or du Muet pour plaire aux Ados?
Deuxième raison et de taille: Le Lézard.



Pourquoi cette sale image numérisée en guise de méchant? Pourquoi j'ai l'impression de voir ce super-vilain en surimpression sur tous les plans (et qu'on ne me parle pas de l'effet 3D!)? Pourquoi les Dinosaures de Jurassic Park avait plus de "poids", de "rondeurs", bref de substance que ce cartoon amphibien? Et surtout, qui a merdé à la prod', avec Photoshop?
Deux bonnes raisons, certes, qui feront toujours des "Avengers" les numéros uno dans mon panthéon des Super Héros... mais qui n'enlèvent absolument rien au plaisir coupable (de geek?) que l'on ressent face à cette licence cure de jouvence.

Un excellent film, donc, distrayant à souhait, pétri de bonnes intentions et admirablement réalisé (l'équilibre entre les scènes d'Amour et d'Action et parfait), qui aurait mérité une interprétation principale-sans faux jeu de mots- de plus haute volée...et un super vilain moins fuyant et plus consistant!
Dois-je le dire? Vivement le deuxième Opus!

Vampirous

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