samedi 15 décembre 2012

Sucker punch.












 Photo by "Jukz"


Pour rappel, et avant d’attaquer : sucker punch veut dire coup bas en anglais. Autre précision : l'honnêteté intellectuelle me pousse à avouer que je n'ai vu ni l'armée des morts, ni Watchmen, du même Zack Snyder.

Après avoir visionné la bande-annonce de Sucker punch, il n'était nul besoin d'être un grand clerc pour savoir que ce ne serait pas le film de l'année. Mais au moins aurait-on pu attendre un film honnête... On nous promettait un film graphique, avec des images de malades. 

Ceci dit, je ne vais pas non plus vous chanter le couplet de celui qui dit : "je ne pouvais pas savoir, la B-A m'a induite en erreur !", ce serait un manque flagrant d'honnêteté.  J'ai vu suffisamment de daubes immondes dans ma vie pour en capter les fragrances, même dilués dans cinq minutes de métrages... Mais baste ! On a parfois des surprises.

Donc oui ! Je fais mon autocritique camarades ! Oui, j'ai fauté ! J'ai vu Sucker Punch !





Comme le laisse deviner ce préambule, le film m'a laissé un goût désagréable dans la bouche. Et pourtant, ça ne commençait pas si mal, avec une scène d'intro muette, bien réalisée et convaincante. Mais après...

Pitch : Baby (pour babydoll. Sauf erreur de ma part, elle n'aura pas d'autre surnom durant tout le film), une jeune fille de 20 ans est internée par son méchant beau-père (un parâtre ?) après avoir tué accidentellement sa sœur en cherchant à la défendre du dit beau-père. Pour échapper à cet univers concentrationnaire (Soljenitsyne représente !), Baby a pour seul refuge son esprit, dans lequel elle se recrée un univers où elle peut échafauder un plan d'évasion. 

C'est là que le film dérape. Et méchamment. Passons sur l'aspect fantaisiste qui consisterait à  se créer un monde virtuel pour se dépatouiller du réel. Après tout, c'est pas pire que de croire à la vie après la mort, et puis bon, ce genre de film, ça repose essentiellement sur la suspension d’incrédulité chère aux écrivains de science-fiction. Donc passons là-dessus, ce n’est pas ce qui m’a le plus gênée.

Là où ça ne va pas du tout, c'est que j'ai vraiment eu l'impression d'être pris pour un con. Ou plutôt un gogo.
Explication. Tout le film va reposer à partir de là sur des ficelles vidéo-ludiques. En gros, pour s'en sortir, Baby va avoir besoin d'items (c'est dit tel que en v.o.) pour s'évader. La quête de chaque item va servir de prétexte pour nous livrer rien moins que des tableaux, on peut même dire des niveaux, sans rapport les uns avec les autres, théâtres de combats épiqueleptiques (c'est un nouveau mot pour épique et épileptique, parce qu'au final, c'est ça).

Et c'est là que l'impression d'être pris pour une truffe devient évidente. Beaucoup de choses m'ont gênées. Les producteurs et/ou le réalisateur (mais Zack Snyder mérite-t-il encore le bénéfice du doute ?) et son équipe n’ont reculé devant rien pour caresser le public cible dans le sens du poil. Plongeons nous donc dans les coulisses de la production de Sucker Punch et disséquons la genèse de cette « œuvre ».


Une salle de meeting, quelque part dans Hollywood. Six hommes sont attablés devant des monceaux de feuilles de notes. Des cadavres de bières et des cendriers pleins jonchent la table. Par la fenêtre, on jouit d’une vue plongeante sur le trafic nocturne de L.A.

-    « Bon, alors les gars, on a une bonne idée là. Reste à savoir ce qu’on en fait. »
-    « Sérieusement John, c’est de la bombe ce truc, mais c’est pas possible à tourner sans passer par les images de synthèse »
-     « Mais ouais ! Mais t’as raison Ted ! En plus, ça sera moins cher que de filmer avec de vrais décors ! »
-    « Hou là ! Vous emballez pas trop vous deux. De vraies images de synthèse jolies, c’est cher. »
-    « Mais mec, t’inquiète ! On en fera des cheaps, et avec une bonne campagne de comm’, on convaincra tout le monde que c’est d’la balle ! »
-    « Olie a raison. En plus, vu qu’on a pris Zack Snyder comme réal’, on base toute la comm’ sur 300, et c’est dans la poche ! Les gens l’adoreront avant de l’avoir vu ! »
-    « Puis avec un pitch pareil, t’en fais pas, notre public cible ce sera des ados ou de jeunes adultes au goût peu prononcé. »
-    « C’est pas un peu réducteur ça Mark ? »
-    « Putain John tu fais chier, reprends un peu de coke, tu verras qu’on a raison »

 
Les images de synthèses donc. Ah bah ça ne manque pas, mais c'est parfois pas bien joli. C'est même assez moche en général. Ceci dit, vu qu'on est dans un univers supposément rêvé par la gamine, on peut presque comprendre l'aspect factice des décors et créatures qu'elle rencontre. M'enfin on m'ôtera pas de l'idée que c'est une sacrée astuce de scénariste que de se réfugier derrière cet argument.

Pour un film qui joue sur son univers visuel (c'était son seul argument de vente, le film n'ayant pour une fois pas été sorti en 3D), j'ai trouvé ça vraiment honteux par moments (en fait, sur tous les décors et les paysages, c’est flagrant et parfois même sur les personnages.) Quand chaque séquence ou presque est conçu comme un tableau (ou un niveau de jeu vidéo), des images bâclées, c’est une faute de goût. Beaucoup de jeux vidéo arrivant sur le marché sont plus jolis que Sucker Punch.



Retour dans la salle de réunion. John finit d’essuyer les vestiges d’angel dust encore visible autour de ses narines.

(Sniff)

-    «  Ok les gars, je le reconnais maintenant, mais vos arguments sont pertinents. Par contre, il y a encore deux trois trucs qui me gênent. Par exemple, cette histoire d’asile là. C’est pas très émoustillant pour le spectateur ça. Notre cœur de cible va pas aimer. »
-    « Hey John ! Tu crois qu’on paye les scénaristes à quoi faire ? »
-    « Ben… écrire de belles histoires ? »
-    « John, sérieux, des fois, tu fais peur. On les paye pour que le film soit vendeur ! »
-    «  Oh. Oh ! Bien sûr ! Alors c’est quoi le business-plan ? »
-    « On est d’accord qu’un asile, point de vue sex appeal, c’est le bandomètre à zéro ! Qui a envie de voir des nanas rasées dans des sacs à patates immondes ? »

Note de l’auteur : là, nos amis font une erreur, parce que personnellement, quand je repense à Natalie Portman tête rasée dans V pour Vendetta, j’en viens à regretter l’époque de la Libération. Mais je m’égare. Reprenons.

-    « Mais t’en fais pas John ! On a pensé à tout ça. Déjà, c’est pas un asile où on rase les patientes. Et puis deuxièmement -et ça c’est grand baby, Baby !- l’héroïne, ben pour pas voir l’horreur de  sa situation, ben elle s’imagine dans un lupanar de luxe où les filles dansent devant les clients avant de passer à la casserole ! »
-    « Houla !  Mais le film va être interdit au moins de 12 ans du coup ! On va perdre de la marge ! »
-    « Mais non t’inquiète ! On va juste suggérer les choses… Pas de danse lascive, ni de scènes de coucheries. On montrera de la cuisse, du décolleté plongeant n’en veux-tu, n’en v’là, du nombril mais pas de sexe ! Puis bon, on connait notre public, le look écolière nippone, ça va pas lui suffire, on rajoutera du cuir et des guns histoire de titiller leurs hormones »
-    « Ouf, tu me rassures mec ! »

On vise donc en-dessous de la ceinture.  Sucker Punch, remember ? C’est crapuleux en diable, complètement prétexte et pour tout dire, navrant tant ceci est affreusement plan-plan.



Aparté maquillage : les filles en général, et l’héroïne en particulier sont maquillées comme des voitures volées. Parfois, j’ai eu l’impression de regarder un gigantesque spot pour Sephora. Fin de l’aparté.

-    « Ok. Et niveau action, qu’est-ce qu’on met ? Parce que faut que ça bouge hein ? Faut que ça défouraille dans tous les sens ! »
-    « Alors la Johnny, tu vas être content on en a mis pour tous les goûts. »
-    « Ouais, on a tapé dans tous les gros trucs qui marchent au box-office auprès des djeuns. Écoute-ça : On a mis des gobelins et des dragons, comme dans le seigneur des anneaux, des androïdes comme dans I, Robot, des gros mécanoïdes samouraïs pour flatter les fans de japanimation et aussi des zombies, comme dans l’armée des morts ! » (du même Zack Snyder. Coïncidence ? Je ne crois pas. Ndla).
-    « Alors ? t’en dis quoi John ? On a oublié personne ? »
-    « … »
-    « Ouais. T’as raison. On a oublié de mettre des boches en uniformes. Les boches en uniformes, ça plaît toujours... »
-    « Mais ouais ! Et d’ailleurs tiens, j’ai une idée : on a qu’à mettre les uniformes Allemands aux zombies ! »
-    « Putain Olie, mais c’est gé-nial ! »
-    « Là, je crois qu’on a bien fait le tour. »


Car oui, on a tout ça dans Sucker punch. Les « niveaux » qu’on nous présente sont une vaste ressucée de tout, absolument tout ce qui s’est fait en matière de Blockbuster ! Je suis même surpris qu’on ait pas eu droit à des transformers et des loups-garous… Tout cela est profondément putassier, à un tel point que ça en devient gênant. Je ne vais pas jouer ma vierge effarouchée non plus, Sucker punch n’est pas le seul film à procéder ainsi, mais de manière aussi visible et aussi peu subtile, je ne vois guère que dans les pires direct to dvd qu’on peut trouver des films qui supportent la concurrence !

Et puisqu’on parle des combats, parlons aussi un peu réalisation, soyons fous !

Je l'ai déjà évoqué un peu plus haut, mais les bastons sont très mal tournées. On a droit à des images épileptiques, dans des cadres grandioses, ou plutôt grandiloquents étant donné qu’ils sont mal faits (c.f. le passage sur les décors et arrière-plans moisis). Tout cela tourne à la surenchère d’effet de caméra pendant les scènes d’actions. Tout se mélange alors dans une orgie de formes confuses, d’explosions, de détonations et de bastos, sans que l’on comprenne vraiment ce qui se passe. Mais pas de panique ! Tout cela est censé être génial et magnifique, ne l’oublions pas !

Les scènes hors « délires » de baby sont moins outrées, mais jouent un peu trop dans le mélo, avec notamment un usage sur-abusif  du gros plan. J’ai parfois eu l’impression de suivre un spot géant pour du mascara, ce qui semblerait confirmer la thèse du spot Sephora soit dit en passant.

Autre point un peu facile : Baby est sensée subjuguer l’assistance par ses prestations de danseuse. Quand elle danse, tout le monde est en pâmoison. Mais pas une seconde de danse de la demoiselle ne nous sera montrée !

Astuce : comme c’est pendant qu’elle danse qu'elle s’évade dans ses niveaux de jeux vidéos, les scènes d’action se substituent aux danses, nous laissant entendre que pendant qu’on voit Baby et ses potes poutrer du zombie allemands / robots / mécanoïdes samouraïs / gobelins (rayer la mention inutile), en fait, elle danse mais alors d’une force ! Sauf que si la danse est à l’image des combats, je doute sincèrement qu’elle captive qui que ce soit. Mais bon, suspension d’incrédulité, toussa toussa…

Et maintenant, parachevons le chef-d’œuvre avec : la bande-son.

Retour à Los Angeles, toujours de nuit, même si l’aube commence à pointer. John, de plus en plus amorphe se tient la tête à deux mains.

-    «Bon. Parlez-moi de la zique les mecs. On a un compositeur ? »
-    « Deux même ! Tyler Bates et Marius de Vries.  Des bons.»
-    « Ouais, surtout Marius. Il a eu une bonne idée. »
-    « Ah ? Quoi donc ? »
-    « Ben on s’est dit que pour ratisser large, rien ne valait les valeurs sûres. Alors pour les scènes de baston, on a pris que des tubes ! Eurythmics, Queen, The Pixies, The Beatles… Que du lourd ! Tout le monde reconnaîtra les morceaux, ça va déchirer ! »
-    « Ouais, mais  hey, ho ! On fait du cinéma d’aujourd’hui ! On peut pas sortir des tubes du grenier à notre public ! »
-    « Mais justement John ! C’est là qu’elle est l’idée de Marius ! On a rajeuni tous ces morceaux à grands coups d’effets électroniques et de ré-orchestrations ! »

Et donc voilà le résultat : des reprises modernisées de tubes ultra célèbres histoire d’embarquer facilement tout ce petit monde et, sans doute parce que j’ai l’esprit mal tourné, de faire oublier le reste du film.
Certes, la plupart de ses reprises sont réussies dans leur genre (pas ma came, mais bon, les goûts et les couleurs en matière de musique…), mais le côté, là encore, profondément racoleur du procédé, sur-employé de surcroît m'a gonflé. Et si vous ne me croyez pas, référez-vous à la fiche Imdb de Marius de Vries, auteur de toutes les reprises du film. Que des morceaux archi-célèbres !

Une bonne grosse ficelle marketing qu'on connaît dans la pub depuis looooongtemps. J’en veux pour preuve l’utilisation en ce moment même sur nos écrans d’une reprise de Knockin’ on the heaven door de Bob Dylan pour nous vendre je ne sais plus quelle caisse…


Bilan :
Pas glorieux de mon point de vue. Un film prétexte, clipesque, racoleur, qui va à la facilité et est, pour ne rien gâcher, longuet. Pour vous dire, après la première scène de combat où Baby affronte des mécanoïdes samouraïs, je me suis dis : « Hé bé ! Si toutes les scènes d’actions sont comme celles-ci, ça va être difficilement supportable ». Dont acte. J’ai souffert. Seul rescapé du naufrage, Oscar Isaac qui tire son épingle du jeu dans son rôle d’infirmier / maquereau, sans pour autant casser trois pattes à un canard. On lui préférera sa prestation en roi Jean dans le Robin des bois de Ridley Scott.

Zack Snyder, m’avait déjà moyennement emballé à l’époque avec son 300, mais je ne l’avais pas subi comme Sucker Punch. Je lui avais alors déjà reproché la facilité dans ses choix d’adaptation de la BD de Frank Miller et l’utilisation d’images de synthèses (moches) là où un film en costumes aurait tout broyé sur son passage. Dois-je en conclure que je suis incompatible avec la façon de faire du monsieur ? On dirait bien.

Ceci dit, 300 avait trouvé son public et a ses défenseurs, et il semble que Sucker Punch aussi. Tout ce que ça prouve, c’est que je fais définitivement partie des dinosaures pour qui des effets spéciaux avec plein d’action et de meufs court vêtues ne suffisent pas à faire un bon film, ni même un film tout court en fait.

Alors, Sucker Punch ? Hell yeah… je plains ceux qui ont lâché dix euros pour aller voir ça…

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samedi 8 décembre 2012

La saucisse du Diable.













Il est tard. Il fait froid. Tu végètes, tel une carotte au fond d'un bac à légumes et tu grognes, tournes en rond, en quête d'un dvd à te mettre sous la dent.

Rien, si ce n'est un vieux film fantastique saupoudré d'érotisme de bas-étage, alors, soit...du pain béni pour le blog.


Je vais donc vous pousser une gueulante (non, ce n'est pas un terme concernant une bière qui donne envie de faire l'Amour) sur "L’Associé du Diable" (The Devil's Advocate) de Taylor Hackford, avec Keanu Reeves et Al Pacino. Un film de 1997, qui a eu son petit succès.


Il est à noter que le titre indique "L'Associé" et non "L'Avocat", ce qui aurait été plus pertinent, la faute à Sydney Lumet et à son film à la con. Autre Histoire.


Je ne vous ferai, of course, pas l’offense (l'office?) de vous disséquer cette coûteuse série B, en long, en large et en travers car tout le monde a vu ce film, au moins une fois dans sa vie.

Non.

Non, ce qui m’intéresse, c'est le cas Keanu Reeves. Alors, c'est parti :


Keanu, je t'écris, je te parle comme à un Ami. Keanu, qu'est ce qui s'est passé ?

Je dois avouer que, lorsque j'ai vu ton nanard pour la première fois, je n'ai rien vu venir; Enrobage soyeux, Blockbuster pimpant, Pacino qui patchine à tout va (normal, c'est le Diable et tout est permis!) et un scénario qui tient ce qu'il peut. Ton personnage se nomme Lomax, on dirait le nom d'un suppositoire, certes. Pas un cadeau.


Mais de là à saccager volontairement tout tentative d'incarnation, il y a un monde que je ne comprends pas. Crise de Jalousie vis-à-vis d'Al? Son personnage pissait plus loin que le tien ?


Un Pari stupide entre vous ? Un essai sur le théâtre Brechtien mal con-trollé ? Tu étais sublime dans "My Own Private Idaho", "Intuitions", "Prison Break"...et tu t'es dit : " I am the Lizard King, I can do Anything" ?


HELAS ! Tu as ré-inventé, en l'espace de deux heures, le concept du cabotinage. Ce n'est plus de la haute-voltige, c'est le cirque du Soleil sur la Lune. Des caisses. Et des caisses. Même notre Gégé national ne touche plus terre.



 


Exemple1 :


Lorsque l'on te parle droit dans les yeux, comme cela, regarde-moi, tu esquisses un mouvement vers la droite avec ta tête puis reviens au stade initial avec un temps de pause. Les bras s'écartent, pour faire place à une chorégraphie made in "Danse des canards" et tu mimes, alors, l'incompréhension.


Pas une minute. Pas sept. Non, toi, t'es en free-style, alors tu réitères l'opération. Et cela durant TOUT le film!


C'était cool au début du cinéma muet, mais-sincèrement et entre nous- beaucoup moins maintenant.

Exemple 2, dit du bourrin : Charlize, ta nana avec une choucroute sur le crâne, fait une crise. Elle chouine, elle veut déménager, elle n'est pas bien, elle pleure sa mère. Tu lui sors : "faisons un bébé!" en la prenant dans tes bras, comme si tu participais à un déménagement breton. Cette femme n'est pas une commode.

No, cette femme est souple mais ton jeu un peu moins.






Exemple 3 : tu es content, tu as gagné un procès et tu exultes. Ok. Mais on a soudain l'impression que tu as remporté le Prix Nobel et la Coupe du Monde 98 dans la même foulée. Et que je lève les bras en l'air, et que je te techtonise Stanivslaski, et que je t'explose Michel Bouquet!


Et c'est navrant.



Pour (en) finir, je m'interroge : pourquoi des mecs bourrés de talent mais sans réseaux auront toujours moins de chance que des beaux gosses, "fils de", sans épaisseurs ?


Pourquoi plus les Charlotte Doillon et les Lulu Berri que les Jean Claude Fronssard et les Micheline Desbois ? Pourquoi pas fromage ET dessert ? Je veux savoir, in fine, Keanu -et on oublie tout- la vérité : as-tu pris des cours dramatiques, pour ton rôle de (dé) composition chez Vincent Cassel ? Pourquoi ce film ? Pourquoi toi ? Et, finalement, que deviens-tu ?

Je te kisse.
Vampirous

 
ps: soudain, tu ne me manques plus...

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mardi 4 décembre 2012

The song remains the same











Eric par Monsieur To




En 1995, le cinéaste Lars Von Trier promulguait son Dogme. Composé d’un ensemble de règles cinématographiques, le Dogme visait à revenir à l’épure, à la sobriété, en réaction aux débordements des blockbusters Made in Hollywood qui abusaient de procédés aussi coûteux que faciles pour séduire les spectateurs par millions : débordements d’effets spéciaux, pauvreté du récit, personnages stéréotypés…


En l’espace de vingt ans, les mutations de l’industrie cinématographique américaine ont encore accentué cette tendance. La multiplication des adaptations sur grands écrans de romans, de bandes dessinées, de jeux vidéo ou d’animations issues de parc d’attraction - Ouais, Pirates des Caraïbes n’est à la base qu’un manège amélioré, c’est dire si le creux créatif est profond - laisse entrevoir un univers culturel qui se contracte à mesure que les profits des majors enflent démesurément. Cette tendance puise ses racines dans la stratégie des grands groupes de médias qui se sont constitué au cours des deux dernières décennies : créer des synergies de contenus et démultiplier les œuvres à succès sur un maximum de supports pour en tirer un maximum de bénéfices. Dans cette optique, la littérature ou la bande dessinée ne sont guère plus que des laboratoires de R&D dans lesquels mûrissent les futures franchises à succès pour le cinéma. 

Le Dogme contient plusieurs commandements dont l’interdiction d’utiliser de la musique sauf si les personnages peuvent l’entendre. Le constat de Von Trier est le suivant : les studios plaquent des tubes sur les images dans le seul but de créer une nouvelle source de revenus dans l’industrie musicale, à partir des grosses productions. Récemment, les adaptations des aventures du milliardaire marchand d’armes reconverti dans l’énergie verte, la lutte contre le terrorisme et l’activisme en faveur d’un renouveau machiste, Iron Man, ont remis au goût du jour le titre éponyme de Black Sabbath et quelques-uns des grands succès d’AC/DC.




Bandes originales ? Bollocks ! 

La musique peut être un moteur de la narration et créer un rapport émotionnel entre le spectateur et les images. Par exemple, les premières notes du thème de Jaws de John Williams avertissent que le danger est imminent tandis qu’à l’écran rien ne laisse supposer d’où il pourrait venir. Poussée d’angoisse ! Le même John Williams composera le thème qui annonce l’arrivée du sinistre Darth Vader (celui des épisodes IV, V et VI de Star Wars).  Ca va chier !

Il suffit de les écouter à nouveau pour que l’écho enfoui des sensations remonte à la surface, que les images déferlent dans le cerveau et qu’au gré des playlists des humeurs et des émotions ressurgissent.
La démonstration par l’exemple, en images et en musique.

Eric V.

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Musique qui donne envie de tuer des connards : 
Anvil of Crom (Basil Poledouris, Conan the Barbarian)

  


Musique pour fumer sa clope en contemplant le chaos qu’on a délibérément provoqué

Snake Plissken’s theme (John Carpenter, Escape from LA)


Musique qui éveille une paranoïa légitime
 Jaws theme (John Williams, Jaws)



Musique pour prévenir qu’on n’est pas là pour rigoler
Imperial March (John Williams, Star Wars)



Musique pour accompagner l’excitation qui précède le triomphe

Ecstasy of gold (Ennio Morricone, The Good, the Bad and the Ugly)