mardi 4 décembre 2012

The song remains the same











Eric par Monsieur To




En 1995, le cinéaste Lars Von Trier promulguait son Dogme. Composé d’un ensemble de règles cinématographiques, le Dogme visait à revenir à l’épure, à la sobriété, en réaction aux débordements des blockbusters Made in Hollywood qui abusaient de procédés aussi coûteux que faciles pour séduire les spectateurs par millions : débordements d’effets spéciaux, pauvreté du récit, personnages stéréotypés…


En l’espace de vingt ans, les mutations de l’industrie cinématographique américaine ont encore accentué cette tendance. La multiplication des adaptations sur grands écrans de romans, de bandes dessinées, de jeux vidéo ou d’animations issues de parc d’attraction - Ouais, Pirates des Caraïbes n’est à la base qu’un manège amélioré, c’est dire si le creux créatif est profond - laisse entrevoir un univers culturel qui se contracte à mesure que les profits des majors enflent démesurément. Cette tendance puise ses racines dans la stratégie des grands groupes de médias qui se sont constitué au cours des deux dernières décennies : créer des synergies de contenus et démultiplier les œuvres à succès sur un maximum de supports pour en tirer un maximum de bénéfices. Dans cette optique, la littérature ou la bande dessinée ne sont guère plus que des laboratoires de R&D dans lesquels mûrissent les futures franchises à succès pour le cinéma. 

Le Dogme contient plusieurs commandements dont l’interdiction d’utiliser de la musique sauf si les personnages peuvent l’entendre. Le constat de Von Trier est le suivant : les studios plaquent des tubes sur les images dans le seul but de créer une nouvelle source de revenus dans l’industrie musicale, à partir des grosses productions. Récemment, les adaptations des aventures du milliardaire marchand d’armes reconverti dans l’énergie verte, la lutte contre le terrorisme et l’activisme en faveur d’un renouveau machiste, Iron Man, ont remis au goût du jour le titre éponyme de Black Sabbath et quelques-uns des grands succès d’AC/DC.




Bandes originales ? Bollocks ! 

La musique peut être un moteur de la narration et créer un rapport émotionnel entre le spectateur et les images. Par exemple, les premières notes du thème de Jaws de John Williams avertissent que le danger est imminent tandis qu’à l’écran rien ne laisse supposer d’où il pourrait venir. Poussée d’angoisse ! Le même John Williams composera le thème qui annonce l’arrivée du sinistre Darth Vader (celui des épisodes IV, V et VI de Star Wars).  Ca va chier !

Il suffit de les écouter à nouveau pour que l’écho enfoui des sensations remonte à la surface, que les images déferlent dans le cerveau et qu’au gré des playlists des humeurs et des émotions ressurgissent.
La démonstration par l’exemple, en images et en musique.

Eric V.

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Musique qui donne envie de tuer des connards : 
Anvil of Crom (Basil Poledouris, Conan the Barbarian)

  


Musique pour fumer sa clope en contemplant le chaos qu’on a délibérément provoqué

Snake Plissken’s theme (John Carpenter, Escape from LA)


Musique qui éveille une paranoïa légitime
 Jaws theme (John Williams, Jaws)



Musique pour prévenir qu’on n’est pas là pour rigoler
Imperial March (John Williams, Star Wars)



Musique pour accompagner l’excitation qui précède le triomphe

Ecstasy of gold (Ennio Morricone, The Good, the Bad and the Ugly)


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